par Benoît RAUCH urbaniste, François VIDBERG architecte, Fanny CASSANI paysagiste et SETIB ingénierie

Renouvellement urbain

2020

Contexte

Dans un triangle de 75 hectares, la « Rive Gauche » du Doubs occupe une place stratégique face au cœur historique de la cité doloise. La requalification du secteur s’est engagée de l’amont vers l’aval dès 2006 avec la construction de la Commanderie et elle se poursuit aujourd’hui avec l’implantation d’un cinéma multiplexe, l’aménagement d’un parc urbain le long du Doubs et le changement de destination de plusieurs sites industriels et ferroviaires, dont celui de l’ancienne gare de la Bedugue.

Sur un tènement d’environ 1,25 hectares, le site borde désormais la nouvelle voie verte Jules Grévy aménagée en lieu et place de l’ancienne voie ferrée et le reliant directement à vélo à la rive droite. Il figure dans le grand projet urbain « Rive Gauche » comme une nouvelle polarité résidentielle reliée à son environnement naturel (berges du Doubs, voie verte et coteau arboré) et bénéficiant des nombreux services urbains déjà présents sur place  (commerces, équipements et transports collectifs).

Dans ce contexte et dans un but opérationnel, la SPL G2D39, missionnée par la Ville de Dole, a donc souhaité étudier la programmation et la faisabilité d’une urbanisation successive sur deux terrains appartenant respectivement à la Ville et au Département dans l’objectif de permettre un retour en ville des familles, des jeunes actifs et des personnes âgées et de faciliter ainsi les parcours résidentiels au sein de l’agglomération.

→ L’ancien site ferroviaire en 2020 avec son ancien entrepôt SNCF bordant la nouvelle voie verte.

→ 2020 > 2030, une nouvelle donne urbaine qui rend possible la connexion entre faubourgs et voies vertes par delà le Doubs

2021

Programme

Le programme de logements repart des objectifs de production assignés à la ville de Dole par le PLH et le PLUi qui fixent une répartition 40/60 entre logements individuels/mitoyens et logements intermédiaires/collectifs pour les 62 nouveaux logements à construire chaque année. Compte tenu d’une répartition 50/50 affichée dans les OAP de Dole et d’une répartition 75/25 forcément plus favorable à l’habitat individuel qu’à l’habitat collectif dans la densification de l’enveloppe urbaine, les secteurs en renouvellement urbain de la Rive gauche doivent viser une programmation exclusivement tournée vers l’habitat intermédiaire ou/et collectif.

Le sujet relève alors de l’invention d’un habitat intermédiaire sur 3 à 4 niveaux (R+2/3) pour bien utiliser les droits à construire ouverts par le PLUi sur la zone et selon une densité résolument urbaine de 70 à 80 logements à l’hectare pour atteindre les objectifs de production et des coûts de sortie abordables. Ainsi, l’habitat intermédiaire proposé superpose, au sein de petits volumes bâtis, des maisons en rez-de-jardin ou en duplex sur le toit et des appartements en étages, disposant chacun d’un jardin ou d’une terrasse.

→ Le sujet est celui de l’invention d’un habitat intermédiaire sur 3 à 4 niveaux avec une densité résolument urbaine.

L’aménagement du site de l’ancienne gare, si restreint soit-il par rapport au périmètre de la Rive gauche, réinterroge le statut et le profil de la rue de Crissey et les liaisons transversales entre faubourgs des rive droite et rive gauche du Doubs. Il doit s’inscrire dans un schéma plus large d’organisation de la Rive gauche pour réussir à en amorcer la reconversion urbaine et paysagère.

Partant de ce schéma, nous suggérons comme élément de programme, d’alterner des bandes paysagères transversales, constituées tantôt d’espaces verts et ouverts pour accueillir les liaisons douces, les parkings arborés, les espaces inondables et non constructibles, tantôt d’espaces couverts accueillant les programmes de commerce, habitat et loisirs.

→ L’organisation des mobilités et la structuration de l’espace… 

… sont aussi constitutifs du programme.

2021

Scénarios

En jouant sur des implantations du bâti longitudinales ou/et transversales à la voie ferrée (à l’instar de la plupart des faîtages avoisinants), trois scénarios de formes urbaines se sont dégagées avec un rapport différent à l’espace collectif (rue, mail, voie verte, venelle, cour). Dans un scénario A « Mail central », les bâtiments sont alignés sur la voie verte et la rue de Crissey avec chacun un devant orienté nord-ouest pour les accès et un arrière orienté sud-est pour les jardins, balcons et terrasses extérieurs. Dans un scénario B « Venelles », les bâtiments, doublés en longueur, sont implantés de façon transversale et offrent leurs pignons à la voie verte ou à la rue de Crissey en étant couplés par une rue intérieure (venelle) gérant les accès aux logements tandis que les jardins et balcons s’ouvrent vers l’arrière. Dans un scénario C « Cours », les implantations longitudinales et transversales des scénarios A et B se combinent pour recomposer des îlots ouverts de 4 bâtiments adressés sur une cour intérieure en forme de croix.

Dans les trois scénarios, la pointe sud du quartier est aménagée en accroche directe avec l’ancien entrepôt dans une même orientation du bâti et des faîtages parallèle à la voie verte et en partageant les mêmes accès depuis la rue de Crissey. L’ancien entrepôt ferroviaire y est conservé comme trace mémorielle supplémentaire de l’histoire ferroviaire du site, comme repère et accroche entre le parc des berges et la voie verte sur la grande liaison douce transversale reliant les faubourgs des deux rives du Doubs et comme élément de mixité fonctionnelle et d’animation urbaine. Aménagé sommairement (hors d’eau, hors d’air), il pourra en effet être dédié à une activité de loisirs indoor tournée vers le vélo (en lien avec la nouvelle voie verte), à des tiers-lieux ouverts aux habitants et associations de la Rive gauche ou à des productions artisanales orientées sur la gastronomie.

C’est finalement un scénario recomposé A+C que la ville et la SPL ont retenu avec des îlots sur cour (scénario C) en partie nord du tènement et l’allée centrale (scénario A) en partie sud, l’articulation s’effectuant à partir de l’entrepôt en prolongeant et en arborant l’allée centrale, de cour en cour, jusqu’au nouveau parvis de l’ancienne gare.

→ Le scénario retenu combine les scénarios A et C. 

2021

Projet

Sur la partie sud (terrain communal), le projet prend corps dans un ensemble architectural homogène d’habitat collectif et intermédiaire de gabarit R+2/3 se décomposant en six immeubles et trois lots à bâtir de 25, 11 et 14 logements (soit 50 logements en tout). Il propose une variation sur le modèle de la « maison », superposée, accolée, décalée… Les logements s’organisent en lanières traversantes sur une trame constante et rationnelle de 6 mètres pour l’habitat intermédiaire, plus libre pour les immeubles d’habitat collectif. Chaque logement intermédiaire est conçu comme une « maison », accessible directement depuis l’extérieur. Le collectif s’organise de manière plus classique autour d’un noyau de circulation avec ou sans ascenseur. Chaque logement est traversant et bénéficie d’une double façade sud-nord ou est-ouest (selon l’implantation du bâti).

Les volumes sont sculptés en façades principales et en pignons  pour offrir une échelle humaine aux bâtiments par les reculs des étages, par les loggias et les terrasses qui définissent différentes qualités d’habiter : jardins au sol, terrasses sur le toit ou loggias généreuses en étage courant. Les toitures en pente complètent ce travail sur l’échelle décomposée des volumes bâtis.

La forme urbaine est définie par le rythme des « pleins » et des « vides » formant rues ou courettes entre bâtiments ainsi que par la grande variation des implantations selon les directions transversale ou longitudinale à la voie verte ou à la rue de Crissey.

La diversification des modes de stationnement diminue l’impact de la voiture sur le quartier, tout en facilitant l’accès aux logements : stationnement semi-enterré, stationnement de surface devant les immeubles ou regroupés aux entrées de copropriété.

Le nouveau quartier s’organise autour d’un mail central qui donne accès aux logements ou à leurs jardins et permet de relier le quartier, d’îlots en îlots, d’une extrémité à l’autre, entre l’ancien entrepôt au sud et l’ancienne gare au nord. Cet axe longitudinal parallèle à la voie verte et à la rue de Crissey est rythmé et traversé par des rues et venelles transversales qui permettent de desservir les immeubles de logements et leurs stationnements dédiés ou simplement de relier à pied la rue de Crissey à la voie verte.

→ Plan-masse et découpage en lots de la partie sud du nouveau quartier

→ Coupe transversale du nouveau quartier entre rue et voie verte.

Le projet fait entrer abondamment le végétal dans tous les espaces extérieurs pour apporter ombre et fraîcheur en été ainsi qu’une présence végétale affirmée et changeante au fil des saisons (fleurs au printemps et coloration des feuilles à l’automne) similaire à celle des berges du Doubs (futur parc urbain) et de la voie verte.

→ Différentes strates de végétaux : herbacée, arbustive et arborée.

→ Des revêtements perméables, naturels ou/et locaux.